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Paul HINDEMITH (1895-1963)

Paul Hindemith commence des études de violon à l'âge de neuf ans à Francfort et entre à quatorze ans à la Hochschule für Musik de Francfort, où il travaille avec Adolf Rebner pour le violon, et Arnold Mendelssohn pour la composition. Son père est tué durant la Première Guerre mondiale.

Il mène une carrière d'interprète parallèlement à une activité de compositeur. Il est violon solo à l'opéra de Francfort de 1915 à 1923 . De 1921 à 1929, il est l'altiste du fameux quatuor fondé avec Licco Amar, au sein duquel il milite activement en faveur de la musique d'avant-garde.

Dès 1927, il est nommé professeur de composition au conservatoire de Berlin, puis en Suisse où il finit par émigrer en 1938, après avoir entretenu des relations compliquées avec les autorités nazies, et bien qu'ayant accepté certaines fonctions officielles comme d'être membre de la Chambre de la Musique du Reich (Reichsmusikkammer).

En 1940, il part aux États-Unis où il enseigne la composition à l'université Yale de 1940 à 1953. Ses étudiants comprenaient le compositeur/éducateur américain Robert Strassburg (1915-2003)[1],[2]. Il y obtient la nationalité américaine en 1946[3].

Il rentre en Europe après la guerre et s'établit à Blonay dès 1953. Il occupe la chaire de musicologie à l'université de Zurich de 1951 à 1953. Il retourne fréquemment en Allemagne fédérale jusqu'à sa mort à Francfort.

Style

Le style de Hindemith a connu de nombreuses métamorphoses pendant sa longue carrière. Ses premières œuvres sont influencées par l’expressionnisme, Richard Strauss, et même Debussy, qu’il adulait (In einer Nacht, opus 15). Ses compositions jusqu’en 1930 sont tiraillées entre des pôles contraires : un lyrisme généreux et ample, issu de Wagner et Strauss, une facilité d’écriture (notamment contrapuntique) prodigieuse, le courant néo classique, un goût pour le grotesque, la provocation (son opéra Nusch-Nuschi), l’expressionnisme voire le dadaïsme. À cet égard, son opéra Mathis der Maler représentera une synthèse remarquable. Dans les années trente, son style se stabilise sur des principes d’écritures issus de la musique préclassique, il commence des longues séries de sonates et de concertos à l’écriture rigoureuse, ainsi que des œuvres destinées aux musiciens amateurs, improprement appelées Gebrauchsmusik («musique utilitaire»). Sa rythmique, parfois désignée sous le nom de Motorik («motorisme»), est percutante et se veut, à l’instar de la machine, obsédante. Elle se fait l’écho de l’ère industrielle, Hindemith répugnant alors à la sentimentalité, à la subjectivité et à la psychologie. Ainsi, entre musique moderne et musique néo-classique, signe-t-il une musique très personnelle.

Son activité de pédagogue, ainsi que son goût marqué pour la théorie l’ont amené à rédiger des traités, qu’il a partiellement utilisés à ses propres fins de compositeur, son œuvre la plus emblématique dans ce domaine étant Ludus Tonalis, un cycle pour piano qui date de 1942. Ses conceptions théoriques, humanistes et ésotériques ont culminé dans son opéra monumental l’Harmonie du monde (1957).

Son œuvre est particulièrement riche, comptant plus d’une centaine de compositions et touchant à tous les genres. Même s’il a été un ardent défenseur de l’avant-garde, il n’a jamais pratiqué le dodécaphonisme strict, se contentant de jouer parfois avec des thèmes sériels (par exemple dans Ludus tonalis).

Cinq pièces pour orchestre à cordes, Op. 44/4

En 1927 parurent dans la série «Das Neue Werk. Musique d’ensemble pour la jeunesse et l’usage domestique» Cinq pièces pour orchestre à cordes op.44/4 tirées de la méthode scolaire de jeu d’ensemble instrumental. Cette œuvre fait donc partie des compositions que Hindemith destinait aux amateurs, comme l’indique d’ailleurs le titre complet : Cinq pièces en première position pour les élèves avancés.

Hindemith n’en désirait pas moins fournir des œuvres de qualité, même si elles étaient un peu plus facile à jouer que les autres; c’est ce qu’indique la préface qu’il rédigea lui-même pour Frau Musica op.45/1. "Cette musique […] a pour but d’offrir un matériau d’étude intéressant aux mélomanes qui chantent et jouent pour leur plaisir [...]. C’est pourquoi elle n’exige de performance extraordinaire d’aucun des exécutant [...]. Toutefois, on ne peut attendre d’une musique écrite aujourd'hui et pour les besoins actuels qu’elle puisse être lue à vue par n’importe qui. Les pièces qui composent ce recueil présentent donc quelques difficultés à qui veut bien les étudier."

Les Cinq Pièces – des bijoux d’une valeur inestimable – présentent de manière exemplaire tout l’éventail des moyens d’expression utilisés par Hindemith au cours de la deuxième moitié des années 1920.

Michael Kube (trad. Sophie Liwzyc), CPO 999 301-2